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Les classes internes static diffèrent aussi des classes internes non static d'une autre manière. Les champs et les méthodes des classes internes non static ne peuvent être qu'au niveau externe de la classe, les classes internes non static ne peuvent donc avoir de données static, de champs static ou de classes internes static. Par contre, les classes internes static peuvent avoir tout cela :
Dans main(), aucun objet Parcel10 n'est nécessaire ; on utilise à la place la syntaxe habituelle pour sélectionner un membre static pour appeler les méthodes qui renvoient des références sur Contents et Destination.
Comme on va le voir bientôt, dans une classe interne ordinaire (non static), le lien avec la classe externe est réalisé avec une référence spéciale this. Une classe interne static ne dispose pas de cette référence spéciale this, ce qui la rend analogue à une méthode static.
Normalement, on ne peut placer du code à l'intérieur d'une interface, mais une classe interne static peut faire partie d'une interface. Comme la classe est static, cela ne viole pas les règles des interfaces - la classe interne static est simplement placée dans l'espace de noms de l'interface :
Plus tôt dans ce livre je suggérais de placer un main() dans chaque classe se comportant comme un environnement de tests pour cette classe. Un inconvénient de cette approche est le volume supplémentaire de code compilé qu'on doit supporter. Si cela constitue un problème, on peut utiliser une classe interne static destinée à contenir le code de test :
Ceci génère une classe séparée appelée TestBed$Tester (pour lancer le programme, il faut utiliser la commande java TestBed$Tester). On peut utiliser cette classe lors des tests, mais on n'a pas besoin de l'inclure dans le produit final.
Si on a besoin de produire la référence à l'objet de la classe externe, il faut utiliser le nom de la classe externe suivi par un point et this. Par exemple, dans la classe Sequence.SSelector, chacune des méthodes peut accéder à la référence à la classe externe Sequence stockée en utilisant Sequence.this. Le type de la référence obtenue est automatiquement correct (il est connu et vérifié lors de la compilation, il n'y a donc aucune pénalité sur les performances lors de l'exécution).
On peut demander à un autre objet de créer un objet de l'une de ses classes internes. Pour cela il faut fournir une référence à l'autre objet de la classe externe dans l'expression new, comme ceci :
Pour créer un objet de la classe interne directement, il ne faut pas utiliser la même syntaxe et se référer au nom de la classe externe Parcel11 comme on pourrait s'y attendre ; à la place il faut utiliser un objet de la classe externe pour créer un objet de la classe interne :
Il n'est donc pas possible de créer un objet de la classe interne sans disposer déjà d'un objet de la classe externe, parce qu'un objet de la classe interne est toujours connecté avec l'objet de la classe externe qui l'a créé. Cependant, si la classe interne est static, elle n'a pas besoin d'une référence sur un objet de la classe externe.
[41]Une classe interne peut se situer à n'importe quel niveau d'imbrication - elle pourra toujours accéder de manière transparente à tous les membres de toutes les classes l'entourant, comme on peut le voir :
On peut voir que dans MNA.A.B, les méthodes g() et f() sont appelées sans qualification (malgré le fait qu'elles soient private). Cet exemple présente aussi la syntaxe utilisée pour créer des objets de classes internes imbriquées quand on crée ces objets depuis une autre classe. La syntaxe « .new » fournit la portée correcte et on n'a donc pas besoin de qualifier le nom de la classe dans l'appel du constructeur.
Comme le constructeur d'une classe interne doit stocker une référence à l'objet de la classe externe, les choses sont un peu plus compliquées lorsqu'on dérive une classe interne. Le problème est que la référence « secrète » sur l'objet de la classe externe doit être initialisée, et dans la classe dérivée il n'y a plus d'objet sur lequel se rattacher par défaut. Il faut donc utiliser une syntaxe qui rende cette association explicite :
On peut voir que InheritInner étend juste la classe interne, et non la classe externe. Mais lorsqu'on en arrive au constructeur, celui fourni par défaut n'est pas suffisant et on ne peut se contenter de passer une référence à un objet externe. De plus, on doit utiliser la syntaxe :
à l'intérieur du constructeur. Ceci fournit la référence nécessaire et le programme pourra alors être compilé.
Que se passe-t-il quand on crée une classe interne, qu'on dérive la classe externe et qu'on redéfinit la classe interne ? Autrement dit, est-il possible de rédéfinir une classe interne ? Ce concept semble particulièrement puissant, mais « redéfinir » une classe interne comme si c'était une méthode de la classe externe ne fait rien de spécial :
Le constructeur par défaut est généré automatiquement par le compilateur, et il appelle le constructeur par défaut de la classe de base. On pourrait penser que puisqu'on crée un BigEgg, la version « redéfinie » de Yolk sera utilisée, mais ce n'est pas le cas. La sortie produite est :
Cet exemple montre simplement qu'il n'y a aucune magie spéciale associée aux classes internes quand on hérite d'une classe externe. Les deux classes internes sont des entités complètement séparées, chacune dans leur propre espace de noms. Cependant, il est toujours possible de dériver explicitement la classe interne :
Maintenant BiggEgg2.Yolk étend explicitement Egg2.Yolk et redéfinit ses méthodes. La méthode insertYolk() permet à BiggEgg2 de transtyper un de ses propres objets Yolk dans la référence y de Egg2, donc quand g() appelle y.f(), la version redéfinie de f() est utilisée. La sortie du programme est :
Le second appel à Egg2.Yolk() est l'appel du constructeur de la classe de base depuis le constructeur de BigEgg2.Yolk. On peut voir que la version redéfinie de f() est utilisée lorsque g() est appelée.
Puisque chaque classe produit un fichier .class qui contient toutes les informations concernant la création d'objets de ce type (ces informations produisent une « méta-classe » dans un objet Class), il est aisé de deviner que les classes internes produisent aussi des fichiers .class qui contiennent des informations pour leurs objets Class. La nomenclature de ces fichiers / classes est stricte : le nom de la classe externe suivie par un $, suivi du nom de la classe interne. Par exemple, les fichiers .class créés par InheritInner.java incluent :
Si les classes internes sont anonymes, le compilateur génère simplement des nombres comme identifiants de classe interne. Si des classes internes sont imbriquées dans d'autres classes internes, leur nom est simplement ajouté après un $ et le nom des identifiants des classes externes.
Bien que cette gestion interne des noms soit simple et directe, elle est robuste et gère la plupart des situations [42]. Et comme cette notation est la notation standard pour Java, les fichiers générés sont automatiquement indépendants de la plateforme (Notez que le compilateur Java modifie les classes internes d'un tas d'autres manières afin de les faire fonctionner).
Jusqu'à présent, on a vu la syntaxe et la sémantique décrivant la façon dont les classes internes fonctionnent, mais cela ne répond pas à la question du pourquoi de leur existence. Pourquoi Sun s'est-il donné tant de mal pour ajouter au langage cette fonctionnalité fondamentale ?
Typiquement, la classe interne hérite d'une classe ou implémente une interface, et le code de la classe interne manipule l'objet de la classe externe l'ayant créé. On peut donc dire qu'une classe interne est une sorte de fenêtre dans la classe externe.
Mais si on a juste besoin d'une référence sur une interface, pourquoi ne pas implémenter cette interface directement dans la classe externe ? La réponse à cette question allant au coeur des classes internes est simple : « Si c'est tout ce dont on a besoin, alors c'est ainsi qu'il faut procéder ». Alors qu'est-ce qui distingue une classe interne implémentant une interface d'une classe externe implémentant cette même interface ? C'est tout simplement qu'on ne dispose pas toujours des facilités fournies par les interfaces - quelquefois on est obligé de travailler avec des implémentations. Voici donc la raison principale d'utiliser des classes internes :
Chaque classe interne peut hériter indépendamment d'une implémentation. La classe interne n'est pas limitée par le fait que la classe externe hérite déjà d'une implémentation.
Sans cette capacité que fournissent les classes internes d'hériter - dans la pratique - de plus d'une classe concrète ou abstract, certaines conceptions ou problèmes seraient impossibles à résoudre. Les classes internes peuvent donc être considérées comme la suite de la solution au problème de l'héritage multiple. Les interfaces résolvent une partie du problème, mais les classes internes permettent réellement « l'héritage multiple d'implémentations ». Les classes internes permettent effectivement de dériver plusieurs non interfaces.
Pour voir ceci plus en détails, imaginons une situation dans laquelle une classe doit implémenter deux interfaces. Du fait de la flexibilité des interfaces, on a le choix entre avoir une classe unique ou s'aider d'une classe interne :
Bien sûr, la structure du code peut impliquer une logique pouvant imposer l'une ou l'autre des solutions. La nature du problème fournit généralement aussi des indices pour choisir entre une classe unique ou une classe interne. Mais en l'absence d'aucune autre contrainte, l'approche choisie dans l'exemple précédent ne fait aucune différence du point de vue implémentation. Les deux fonctionnent.
Cependant, si on a des classes abstract ou concrètes à la place des interfaces, on est obligé de recourir aux classes internes si la classe doit implémenter les deux :